Avis d'expert : Dr Michel Metz

Découvrir Michel Metz, praticien libéral spécialisé en chirurgie orale à Strasbourg, et intervenant à la faculté d'odontologie de Strasbourg.

Inscription au webinar

Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Je m’appelle Michel Metz. J’ai été diplômé de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Strasbourg en 1979. J’exerce une activité dédiée à l’implantologie depuis une vingtaine d’années. Je travaille avec ma fille Anne-Claire dans un groupe assez important de douze personnes pour répondre efficacement à la demande d’environ près de quatre cents correspondants, et suffisamment compact pour vivre harmonieusement dans un très bel esprit d’équipe. Chargé de cours à la Faculté, je suis par ailleurs très impliqué dans la communication et l’enseignement qui me procurent beaucoup de plaisir.

Michel Metz a été  Rédacteur en chef invité de LS 71.

Qu'est-ce qui a changé dans l'industrie dentaire et en particulier en implantologie ces vingt dernières années ?

Ma réponse se fera en forme de message d’alerte … Le monde de l’implantologie a suivi l’évolution du monde actuel : toujours plus vite, plus varié, plus connecté!. Nous sommes loin de l’époque où il fallait attendre parfois longtemps après l’extraction d’une dent pour redonner une fonction masticatoire à nos patients. Actuellement, une grande partie d’entre eux s’attend à repartir de la chirurgie avec une belle couronne implantaire!.

En tant qu’observateur, je trouve qu’une grande agitation a fait suite au relatif équilibre qui prévalait dans l’industrie implantaire il y vingt ans et les firmes se phagocytent les unes les autres à un rythme qui fait parfois tourner la tête. Selon une cohérence qui semble parfois relever plus du «business plan» que de la logique de qualité de soins, on voit par ailleurs apparaître (pour parfois disparaître …) une multiplicité de dispositifs médicaux et de protocoles de traitement plus ou moins adaptés aux attentes des utilisateurs sans que ceux-ci aient été consultés préalablement sur leurs réels besoins.

La dérégulation des protocoles implantaires et la multiplicité des modes d’enseignement a eu pour conséquences une démocratisation à outrance avec une consommation implantaire actuellement démultipliée et sans doute moins de prudence et de rigueur de la part de tous les acteurs qu’il y a vingt ans. Il s’en est suivi ces dernières années une augmentation des échecs biologiques, mécaniques, stratégiques et une baisse de l’image de notre monde de l’implantologie pourtant si extraordinaire pour peu qu’on veuille bien en respecter les règles.

Il n’est plus rare de voir certains patients exprimer une grande défiance vis-à-vis des implants au prétexte qu’une de leur connaissance a subi un échec retentissant …
 

Qu’attendre des vingt prochaines années ?

Il est difficile de faire des prévisions à si long terme mais je pense que le problème majeur auquel il faut s’attaquer urgemment est la péri-implantite. Il faut une remise en question de nos pratiques tant sur le plan personnel au niveau des Chirurgiens-Dentistes que sur le plan de l’industrie qui doit être à l’écoute du cri d’alarme lancé sur le terrain par de nombreux utilisateurs et relayé par des publications scientifiques de plus en plus nombreuses.

Un certain nombre de codes de bonnes pratiques ont déjà été édités ces dernières années (par la Haute Autorité de Santé en 2008 par exemple) mais il serait bon qu’un code spécifique à la prévention de la péri-implantite soit édicté par des spécialistes reconnus pour leur maîtrise et leur éthique, et que ce code soit mis à la disposition de tous les acteurs de santé de l’implantologie.

Par ailleurs on constate une augmentation des cas de suivis de patients qui ont pu être traités à maintes reprises et par différents praticiens utilisant des systèmes implantaires divers : la gestion de ces cas est complexe, voire impossible pour un praticien non expérimenté.

Il serait bienvenu de la part des firmes qu’une tentative de démarche d’uniformisation par exemple pour les piliers coniques : pourquoi ne pas adopter dans les projets de chaque firme un pilier à « plateau universel » qui permettrait un jour à chaque utilisateur de pouvoir ré-intervenir sur une prothèse vissée sans qu’il ait à faire des recherches fastidieuses sur l’origine de l’implant : un plateau prothétique uniformisé avec un tournevis unique -dans l’esprit du Locator- simplifierait considérablement certaines ré-interventions prothétiques.

Enfin je voudrais pour finir évoquer le monde extraordinaire de la CFAO qui a révolutionné nos pratiques prothétiques et chirurgicales, permettant d’élever la qualité de nos prestations à un très haut niveau et je suis persuadé qu’avec le vertigineux potentiel d’évolution de l’informatique nous serons encore bien souvent émerveillés dans les prochaines années. Mais, en même temps, je voudrais exprimer mon impatience quant au domaine de l’enregistrement numérique pour la prise d’empreintes. J’aurai 62 ans à la fin de cette année et cela fait plus de 30 ans que j’attends de pouvoir faire un enregistrement numérique fiable d’une arcade complète.

J’espère avoir cette satisfaction avant de pouvoir prendre ma retraite et vivre encore plein de moments enthousiasmants avec l’implantologie …

Consulter l'article en pdf