A propos d’un cas d’un kyste radiculo dentaire

Auteur : Dr Amar Hubert - Paris

Florence P se présente en consultation fin Novembre 2012 pour un kyste au niveau du menton complètement asymptomatique, découvert par son praticien traitant au cour d’un examen de routine. 41 et 31 sont très légèrement mobiles. La corticale mandibulaire au niveau du menton est soufflée. Afin d’éviter un effondrement osseux au niveau des incisives restantes compromettant ainsi leurs pronostic et rendant plus complexe la pose d’implant, il a été décidé de combler la cavité kystique avec de l’os allogènique Biobank.

Consulter l'article en pdf

 

 


Photo 1
 

L’interrogatoire ne révèle pas d’antécédent de chutes ou de traumatisme, seule une légère dyschromie des dents laisse suspecter un souci. Les dents 31 et 41 ne sont pas vitales mais les autres quoique légèrement plus foncées, répondent aux tests thermiques. Dans un premier temps on procède à l’extraction des deux incisives avec cicatrisation de deuxième intention, en laissant le kyste en place. Un appareil amovible de transition a été mis en place pour remplacer 31 et 41. 

Dans un deuxième temps opératoire, 8 semaines après les extractions, le kyste a été enlevé. 
De part l’importance du kyste il a été inévitable d’élargir  légèrement pour laisser passer la pièce anatomique. 


Afin d’éviter un effondrement osseux au niveau des incisives restantes compromettant ainsi leurs pronostic et rendant plus complexe la pose d’implant, il a été décidé de combler la cavité kystique avec de l’os allogènique Biobank. La cavité a été remplie d’os allogènique en poudre Biobank. Une membrane de collagène a été mise en place et le lambeau a été suturé. La prothèse amovible a été rebasée quelques jours après. Les suites opératoires ont été très bénignes quasiment sans douleur mais avec un œdème post opératoire mentonnier important malgré la mise en place d’un élastoplast compressif post opératoire.  

 

Après un délai d’attente de 11 mois, la patiente ayant été peu disponible, un cône beam de contrôle a été réalisé afin de visualiser la greffe in situ. 

Les éventuelles restaurations prothétiques avaient été envisagées avant l’ablation du kyste. La faible distance entre les dents bordantes, 9mm, interdisait la pose de deux implants.


En effet en préservant 1.5 à 2 mm de distance entre les dents bordantes et l’implant d’une part et une distance de 3 mm en inter implantaire d’autre part, il était impossible d’envisager la pose de deux implants dans un espace de 9 mm. De plus le respect de la distance dent-implant amène quasi immédiatement le centre du premier implant en zone symphysaire. 

Un implant de 3.4 mm de diamètre a été posé en position de 41 et laissé en nourrice quelques mois. Lors de l’intervention on se trouvait devant un tissu saignant et très dense. 

Lors de la pose de l’implant, il a été possible de prélever une carotte osseuse, en prenant comme premier instrument une tréphine. La biopsie osseuse s’est fragmentée en 4 morceaux lors de son extraction de la tréphine. Les 4 fragments ont cependant pu être transférés sans difficultés dans un flacon de formol tamponné et envoyés pour examen histologique chez Novotec à Lyon.


L’implant a pu être vissé à plus de 35 Newtons. Il a été laissé en nourrice 5 mois, délai très long, mais là encore la patiente n’était pas disponible.

L’examen histologique a été réalisé après décalcification et inclusion en paraffine. Les coupes longitudinales ont été colorées par HES (Hematoxifine Eosine Safran) puis observées au microscope (Leica DM2000) relié à une caméra digitale.

L’analyse histologique à fort grossissement montre que de nombreux fragments de greffon (os acellulaire, *) sont piégés dans le tissu compact constitué de matériel amorphe et de tissu fibrocellulaire (►) Certains fragments de greffon sont entourés par de l’os cellulaire néo­synthétisé ( ) avec des ostéocytes visibles au centre des lacunes ostéocytaires. Les fragments de greffon sont ainsi complètement intégrés dans l’os néoformé. Quelques ostéoblastes (ob) sont observés à proximité des zones de néoformation osseuse. Quelques lacunes de résorption (→) sont visibles.
Photo 17 Photo 18

 

La prothèse a été réalisée sur une armature cad cam en alumine zircone, collée en extra buccal sur un pilier titane ti base, le tout étant transvissé sur l’implant afin d’exclure un scellement en bouche dans le protocole de restauration. 


En conclusion, le comblement osseux par allogreffe BIOBank a permis d’éviter l’affaissement des niveaux osseux en maintenant un environnement parodontal acceptable autour des dents résiduelles, la pose de l’implant s’en trouvant facilitée. L’analyse histologique a montré, 11 mois après la greffe, l’existence d’un tissu osseux néoformé fortement combiné aux particules résiduelles du greffon ; L’absence d’ostéoclastes semble indiquer que le remodelage osseux est passé dans une phase de faible activité. Aucune réaction d’intolérance vis-à-vis du matériau greffé n’a été observée sur les coupes. Le tissu ainsi formé est fonctionnel pour l’implantologie. 
Ce cas confirme l’intérêt des allogreffes osseuses dans le comblement des kystes osseux.