Le meilleur biomatériau ne serait-il pas celui que l’on n’aurait pas à utiliser...?
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Depuis dix ans, il n’y a pas un auteur ou conférencier qui ne remettent pas en cause les lettres de noblesse du Professeur Branemark, pourtant savamment définies. Il est vrai que les dogmes qu’il imposait afin d’obtenir une parfaite ostéo-intégration, paraissent aujourd’hui « rigides » compte tenu des évolutions techniques, au niveau des designs et états de surface des implants ainsi que les aides numérique 3-D.
C’est pour cela que nous observons maintenant des concepts de mise en charge immédiate, de temps de cicatrisation réduits, ou encore de chirurgie flap-less (sans lambeau), qui prennent de plus en plus de place dans le traitement de nos patients.
Mais attention, si dans la littérature ou auprès de certains praticiens chevronnés, ces nouveaux concepts conservent les mêmes taux de succès que ceux largement validés par les années Branemarkiennes ; il en est parfois assez différent dans les cabinets d’omnipratique qui voient leur pourcentage d’échecs subitement augmenter.
Cette mode du « tout plus vite » souvent dictée par nos patients et la société, favorise des plans de traitements plus risqués, et parfois des résultats peu satisfaisants où l’on retrouve des implants dans des positions inappropriées au projet prothétique ainsi que pour leur pérennité biologique.
Parallèlement à cette réflexion nous constatons aussi, comme il a été décris dans l’article (« La prévention en implantologie ne commence t’elle pas par le bon positionnement de l’implant ? » , Dental Tribune, juin 2011) que le bon positionnement de l’implant est primordiale mais surtout semble être la clef de voute.
Chaque chirurgie malgré des planifications attentionnées, comportent leurs lots d’aléas (incisions délicates, élévations de lambeaux plus adhérant, saignement, avulsion difficile, patient peu coopérant, densité osseuse, sensibilité…) qui dévient la concentration du praticien ainsi que l’axe des implants.
Depuis quelques années, avec l’apparition des logiciels de planification implantaire et l’imagerie 3-D, il est incontestable que nous sommes beaucoup plus précis dans nos planifications. Ceci n’est plus à débattre, si l’on compare à des planifications réalisées avec des calques sur planches scanner, qui restent une interprétations 2-D de la position des implants.
Mais là encore attention, même si nos planifications virtuelles 3-D grâce à ces logiciels fabuleux nous apportent beaucoup plus de précision quant au plan de traitement et leurs perspectives ; on ne pourra pas à main levée reproduire exactement dans la bouche de nos patients, le bon positionnement choisi virtuellement sur l’écran de notre ordinateur. Même le meilleur des praticiens, spécialiste en implantologie ne pourra calquer à l’identique la planification virtuelle, pourtant idéalement définie par rapport à l’environnement anatomique et son projet prothétique. Il n’y aura que l’apport de la chirurgie guidée qui permettra de transposer parfaitement nos données virtuelles établies préalablement.
Toutefois, alors que ces logiciels de planification fleurissent dans les cabinets dentaires, pourquoi y a t’il aussi peu de chirurgie guidée réalisé ?
Trois raisons nous semblent les plus révélatrices :
l’imprécision des premières chirurgies guidées
la difficulté à les mettre en œuvre
l’image élitiste des cas complexes que l’on voit systématiquement reporté lors de communication.
A ces raisons, trois réponses :
Précision : il y a quelques années, il est vrai que nous retrouvions des écarts de précision non acceptable par rapport à des chirurgies à main levée. Ce qui s’explique par des réglages alors mal optimisé entre les différents scanner et surtout cone beam avec les logiciels de planification, ainsi que les process de fabrication des guides de chirurgies en eux même. Aujourd’hui, les « plâtres ayant été essuyés » nous pouvons témoigner de l’extrême précision que l’on retrouve après un contrôle radiologique 3-D post-opératoire par rapport à la planification de départ. Cette précision est validée aussi par la mise en place sans la moindre retouche des différentes prothèses provisoires de mise en charge immédiate qui sont confectionnées en amont de la chirurgie à l’aide du même guide de chirurgie.
et les étapes de planifications implantaires avec guides ou non de radiologie ayant elles aussi été facilité ( la palme étant largement remporté par le concept de Sirona ; Il est le seul à proposer des systèmes d’imagerie 3-D avec logiciel de planification jusqu’à la conception de guides de chirurgie issue de ces mêmes données Dicom , sans parler maintenant de la possibilité d’usiner directement au cabinet le guide de chirurgie avec le Cerec).
Débuter par des cas simples : à l’inverse de ce que l’on peut voir dans les communications sur la chirurgie guidée avec des cas complexes, nous avons une grande satisfaction à utiliser les guides de chirurgie pour des édentements encastrés ou terminaux concernant un à trois implants. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que ces cas concernent la majeure partie de nos exercices. De plus nous utilisons dans ces indications des guides de chirurgie qui sont à appuis dentaire, donc très stable et facile à positionner, permettant au début de rassurer le praticien quand il réalise ces premiers cas. Notre recommandation sera ainsi de commencer par des cas unitaires jusqu’à trois implants, encastrés avec un guide alors dento-porté, pour se familiariser avec les protocoles de chirurgie guidée utilisant une
instrumentation légèrement différente de notre quotidien. Grace à cette progression vers des cas plus complexes, respectant une courbe d’apprentissage, le bonheur partagé du praticien et de son patient seront au rendez vous.
Nous pouvons ainsi conclure et répondre à l’interrogation du titre de cet article. Beaucoup de compromis sont souvent réalisés en implantologie, dont certains sont l’utilisation de biomatériaux. Il ne s’agit pas de contourner des plans de traitements idéaux nécessitant de véritables apports osseux par greffon autogène, mais plutôt d’obtenir un résultat prédictible, conforme à notre projet prothétique avec une position post-chirurgical de nos implants identique à celle planifiée préalablement.
Pour ceci, il semble que seul la chirurgie guidée pourra garantir une telle constance dans le résultat. Et pour finir de vous encourager à utiliser ces outils, une fois le pas franchis vous basculez vers un panel d’avantages associés à la chirurgie guidée, tel que la mise en charge immédiate optimisé en amont, la diminution des étapes au fauteuil, l’optimisation des profils d’émergence, des axes prothétiques, …
Avec enfin des perspectives d’évolution renversantes, à venir, par la combinaison des différentes technologies numérique et 3-D.