Extraction laser assistée d'une canine incluse au maxillaire

Comment éviter l’aggravation d’une lésion infectieuse en cours de développement sur une canine incluse au maxillaire grâce au laser dentaire?

 

 

Par le Dr Raphael Bettach à Gretz-Armainvilliers

Une des fonctions du chirurgien-dentiste est de permettre au patient d’éviter l’aggravation d’une lésion infectieuse en cours de développement afin de lui conserver le plus longtemps possible une réhabilitation prothétique en place.

Il s’agit d’une patiente âgée de 55 ans, infirmière, avec un diabète insulino-dépendant depuis plus de vingt ans.

Elle a fait réaliser une réhabilitation prothétique dento-portée au maxillaire, il y a quelques années.

Son chirurgien-dentiste l’a reçue suite à un abcès au niveau des dents N°11 et 12.

Cette patiente m’a été adressée afin de savoir si une intervention chirurgicale au niveau de ce secteur était possible pour préserver et pérenniser les couronnes en place au maxillaire.

L’étude à l’aide du cône beam a permis de mettre à jour l’existence d’une canine incluse au-dessus des apex des dents N°11, 12 et 14 ainsi qu’une lésion osseuse, probablement d’origine endodontique au-dessus des apex des dents N°11 et 12. (Figures 1et 2)

Figure 1 : Zone d’intervention avant la chirurgie


Figure 2 : Reconstitution cône beam 3D du secteur d’intervention.

Après réflexion, le plan de traitement choisi a été le suivant :
- Réalisation d’une incision au niveau de la ligne mucco-gingivale.
- Résection de la table osseuse externe le long de la dent incluse N°13. (Fig. 3)

Figure 3 : Dégagement de l’os en vue de l’extraction de la 13 incluse.

Extraction de la dent N°13. (Fig.  4)

Figure 4 : Extraction de la dent N°13 incluse.

Résections apicales des apex des dents N°11 et 12 avec obturations à rétro avec curetage des tissus granuleux. (Fig.  5)

Figure 5 : Vue du site chirurgical assainit.

Une fois la dent incluse N°13 extraite, il fallait s’assurer d’avoir supprimé le maximum de bactéries sur le site d’intervention.
Outre le passage de curettes, et de fraises pour nettoyer et assainir ce secteur, et compte tenu de son diabète de Type I, l’utilisation du laser diode (Doctor Smile) a été retenu,  en mode PDT (Photothérapie Dynamique)  sans colorant (Mode Paro/ Implanto avec une fibre de 400 Microns) selon  les paramètres suivants :

Type Fréquence kHz AVG Power W Power W Ton Toff
Thermique
Coag/Vaso
Fibre 400 Microns
10 0.9 W 3W 30us 70us

 

L’espace est rempli d’eau oxygénée (Fig. 6).

Figure 6 : Action de l’Eau Oxygénée sur le site chirurgical.
 La fibre est ensuite présentée pour obtenir un effet décontaminant et biostimulant, tant sur les surfaces en contact avec celle-ci, qu’en profondeur au-delà même du tissu osseux accessible (Fig. 7).


Figure 7 : Action Décontaminante du Laser Diode sur le site chirurgical

L’étape suivante est le comblement de cet espace par des granules de Béta Tricalcium Phosphate recouverts d’une membrane de régénération osseuse guidée en collagène résorbable (Fig. 8).

 

Figure 8 : Mise en place de BétaTricalcium Phosphate comme biomatériau de comblement osseux

Des points de sutures sont réalisés afin d’obtenir un maintien stable des tissus gingivaux (Fig. 9)

En fin d’intervention, biostimulation sur la gencive pour permettre de la cicatriser en augmentant la vascularisation et l’angiogenèse du secteur suturé (Figure 9) .

 


Figure 9 : Action du Laser Diode en mode « Biostimulation »


Un embout spécifique est monté sur la pièce à mains et les paramètres utilisés sont :

Type Fréquence kHz AVG Power  W Power W Ton Toff
Photo Stimulation
Bio/Thérapie
10 3.0 W 6W 50us 50us

 

La patiente étant diabétique insulino-dépendante, le travail se fait  simultanément sur les 3 axes suivants : cicatrisation, douleur et inflammation à l’aide du Low Level Light Therapy ( LLLT) (qui se caractérise par l’utilisation de 7 longueurs d’ondes, lesquelles doivent réduire la douleur, améliorer la cicatrisation et aider à régénérer les cellules sur le site chirurgical.
La patiente est restée exposée à l’ATP38 environ 10 minutes en fin d’intervention (Figure 10).

 

 


Figure 10 : Exposition de la patiente sous les différentes longueurs d’onde de l’ATP38
L’hygiène buccodentaire a été adaptée pendant la période de cicatrisation : brosse à dents douce « chirurgicale » et bains de bouche.
Elle sera reprise le plus correctement possible après fermeture de la plaie.
La patiente est revue en moyenne tous les 3 jours pour une séance d’environ 2 minutes de Biostimulation au Laser Diode.
Les fils sont retirés au bout de 15 jours avec une bride cicatricielle présente, mais discrète. (Fig. 11)

 


Figure 11 : Cicatrisation à 15 jours après l’intervention

En conclusion, l’état de santé général de la patiente m’a encouragé à prendre le maximum de mesures préventives pour éviter les complications infectieuses post-opératoires qui sont le risque majeur chez les diabétiques de type I.
Des implants dentaires ayant déjà été posés chez cette même patiente, le terrain médical était connu défavorable et la cicatrisation difficile chez cette patiente.
Ce protocole chirurgical laser assisté, très sécurisé, a permis d’obtenir une jolie cicatrisation en 15 jours et aucune complication infectieuse.